PREMIER PAS DANS L’OBSERVATION

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L’observation d’un animal sauvage n’est pas chose aisée surtout quand on veut réussir. Patience et savoir seront alors vos meilleurs alliés, mais un peu d’organisation et de stratégie vous aideront encore plus.

Prenez le temps de mettre noir sur blanc vos objectifs :

  • Quel(s) animal(s) ?
  • Dans quel but (photo, chasse, piégeage) ?
  • A quelle distance de l’animal ? (par exemple un archer devra se placer entre 15 et 30 m maximum, alors qu’un photographe pourra obtenir de très bons résultats à 100m et sans déranger)
  • Quels efforts êtes-vous prêt à fournir (en km et en nombre d’heure de sortie) ?

Il est évident que si votre objectif est de photographier un lion dans votre jardin, cela risque d’être très peu probable et même, si cela devait arriver là, tout de suite, seriez-vous prêt à cette rencontre, qu’allez-vous faire maintenant que vous êtes face à face ? La rencontre avec un animal sauvage est parfois si intense qu’on en perd ses moyens. Il faut donc se préparer avant du mieux possible.

Il est nécessaire de recueillir le plus d’informations possibles sur votre animal, son territoire et les interactions qu’il peut y avoir. Une fois sur son territoire vous serez chez lui, essayez de vous mettre à son niveau pour avoir un coup d’avance.

Nous allons détailler dans une série d’articles les différents sujets à étudier pour parfaire vos connaissances et être prêt le jour J.

Étape Préparatoire

1. Choix Personnel ?

Avant toute chose, vous devez choisir car tout partira de là. Choisir n’est pas forcément se limiter mais plus le domaine est vaste et plus il y aura de travail. Cette partie est très personnelle donc aucun risque de vous tromper.

Choisir de se promener et de faire de la billebaude, ou vous fixer comme objectif une photo d’un combat de brocard ou du brame du cerf, d’un écureuil roux en plein saut, peu importe l’objectif mais choisissez et notez-le sur votre carnet. 

Le fait de noter rend la chose déjà plus réelle et si vous visez trop haut une petite voix saura vous le dire. Mais ne vous laissez pas trop influencé car vous allez faire ce qu’il faut pour y arriver !

Le Muséum National d’Histoire Naturel a mis en place un Inventaire National du Patrimoine Naturel. Il vous permettra d’obtenir toutes les informations scientifiques du moment sur les espèces présentes sur les territoires français (Métropole et Outre-Mer). Si vous n’avez aucune idée, ou si vous hésitez, le site propose de lister toutes les espèces présentes autour de chez vous… le bel outil !!! Vous le trouverez ici.

2. Connaissances naturalistes de bases 

Votre choix est essentiel car vous allez devoir connaître l’animal sur le bout des doigts pour pouvoir prédire ses déplacements et vous placer aux bons endroits à l’attendre avant qu’il arrive. Essayer de définir plusieurs postes car on ne peut vraiment jamais être sûr à 100% et le vent ne souffle pas toujours dans la même direction.

Pour qu’un plan se déroule sans accrocs, il vous faudra connaitre au minimum :

  • Son/ses capacité(s) de détection du danger (ouïe, vue, odorat) pour adapter votre camouflage
  • Sa description en tenant compte des variations couleurs de pelage suivant la saison
  • Reconnaitre ses signes de présence
  • Son habitat
  • Sa biologie (nocturne/diurne/crépusculaire, régime alimentaire)

La reconnaissance des traces (ichnologie) fera la différence une fois sur le terrain, savoir reconnaître et interpréter les traces voilà votre objectif. Retrouvez ici nos fiches animaux.

3. Où aller, à quel moment ?

Où aller ? si vous avez bien fait vos devoirs, vous connaissez l’habitat idéal de votre animal. Le site de l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel) est encore une fois, un excellent outil. Il pourra vous fournira des cartes de présence par espèces.

Privilégiez des endroits prêts de chez vous, peu fréquentés et ouverts au public (la plupart des forêts sont privées). 

Si vous connaissez le propriétaire c’est encore mieux. N’hésitez pas à contacter les mairies pour échanger rapidement avec les propriétaires.

Le site Géoportail est l’endroit idéal pour étudier et éditer vos cartes. Utiliser des cartes suffisamment précises.

Éviter de sortir si le vent fait des bourrasques. Au contraire il peut être intéressant de sortir avant ou après un orage ce sont en général des périodes de suractivité.

4. Repérage et prise de notes

Image par Mabel Amber, who will one day de Pixabay

Effectuer vos repérages en dehors des heures d’activité de votre animal pour ne pas le déranger. Soyez aussi discret que possible en utilisant nos produits anti-odeur pour réduire votre empreinte olfactive lors de vos sorties. Un animal dérangé ira voir ailleurs pour sa sécurité, et vous aurez tout à recommencer. Limitez vos sorties et soyez efficace, mettez en pratique tout ce que vous avez appris. La prise de notes est essentielle pour repartir avec des informations sûres ou élucider à la maison des doutes que vous pourriez encore avoir. Réalisez vos sorties en conditions réelles (habillement, sac …), cela permettra de tester votre matériel sur place et de faire le tri sur ce qui vous est vraiment utile.

L’objectif de ce repérage est de :

  1. Confirmer la présence de l’animal.
  2. Identifier les meilleurs points d’observation selon le sens du vent et à bonne distance.
  3. Éventuellement « aménager » une cachette d’affût (sans déranger l’environnement mais suffisamment avant le jour J).

Côté prise de notes, à chaque sortie vous devriez enregistrer :

  • Le jour et l’heure de début de sortie
  • L’heure du début/fin luminosité acceptable selon vos yeux/équipements
  • Les traces repérées (cf. plus loin)
  • La météo
  • Le sens du vent tout au long de votre marche
  • Les changements de direction du vent avec le réchauffement/refroidissement
  • Évidemment tout animal rencontré !

Si vous avez édité une carte de la zone à explorer, les traces, marquez dessus le sens du vent, les coulées, les postes d’observations possible. Cela vous aidera à définir les chemins d’accès et de retour de votre point d’affût tout en restant à bon vent.

 

LE JOUR J (ou « les » soyons réalistes) :

 

Si vous avez tout préparé, alors vous n’avez plus qu’à profiter et patienter. Dites-vous bien que, les conditions parfaites sont rares, comme dit le dicton « qui trop écoute la météo, passe sa vie au bistro ».

Le jour J arrive, vous vous sentez prêt. Alors c’est parti :

  • Vérifiez vos affaires la veille
  • Utilisez nos produits anti-odeur pour retirer toutes odeurs malvenues
  • Évitez la cigarette, les odeurs de lessives, les anti-moustiques
  • Coupez la sonnerie de votre téléphone
  • Partez suffisamment tôt pour être en position au moins une heure avant le début de l’activité, vous pourrez vous installer sans déranger et laisser l’atmosphère se calmer
  • Rejoignez votre point d’observation par un chemin vous permettant d’être à bon vent quitte à faire un détour, (chemin défini précédemment)
  • Marchez lentement en marquant des pauses pour écouter
  • Longez la végétation en évitant les feuilles/branches mortes
  • Ne marchez pas en crête
  • Une fois au poste, installez-vous confortablement
  • Placez un filet de camouflage devant vous
  • Restez immobile et concentrez-vous sur vos différents sens
  • Utilisez votre vision périphérique pour capter les mouvements
  • Ne faites pas de mouvements brusques
  • Prenez des notes de temps en temps pour casser la fatigue
  • Patientez, patientez, patientez

Avec de la persévérance et le facteur chance vous finirait par y arriver.

 

APRÈS

 

Que vous ayez atteint votre objectif ou non, quand vous décidez de rentrer, repartez aussi discrètement que vous êtes arrivés et n’oubliez pas de ne laisser aucune trace de votre passage.
Profitez pour mettre par écrit vos impressions à chaud. Qu’est-ce qui vous a manqué, ce qui vous a surpris et pourquoi, vérifiez votre matériel et faites le tri de ce qui ne vous a pas servi etc…

Cette phase sert à vous améliorer pour les prochaines sorties.

De retour à la maison, faites bien attention de n’avoir ramené avec vous aucun passager clandestin ! Les tiques sont présentes un peu partout et porteuses parfois de la maladie de Lyme.

Image par Erik Karits de Pixabay

L’ichnologie est la science qui s’intéresse aux actions et aux déplacements des êtres vivants dans leur milieu naturel. Une activité passionnante qui demande d’observer la nature et de confronter ses connaissances à la réalité du terrain, tout cela dans le but de :

  • Donner du sens à ce que l’on voit.
  • En tirer une hypothétique conclusion :
    • Sur qui était là.
    • Ce qu’il y faisait.
    • Pourquoi ?
    • Dans quelle direction voir même où il allait.
    • Quand ?
  • Toujours mieux connaître l’animal recherché.

Toutes ces informations seront multipliées pour leurs donner plus de force et coupler à l’observation pour valider vos hypothèses.

Dans notre article Territoire, nous rappellerons les connaissances de bases à connaître pour maximiser vos rencontres avec la faune locale.

Bibliographie:

1995 Rick Curtis, Outdoor Action program, Princeton University

Chazel M, Chazel L, 2011, Reconnaitre et décoder les traces d’animaux Manuel d’ichnologie, Editions Quae